C'est donc Raymond savonnier de métier, qui a ouvert la maison. En 1942 il ramassait les pieds de bœuf aux abattoirs de l'avenue de Paris, les échaudait, les grattait et les vendait pour être mangés en vinaigrette. Puis il continua avec les boyaux qu'il revendait pour faire le boudin, les saucisses, les andouillettes ou le cordage des raquettes de tennis.
Enfin arriva l'heure des tripes qu'il fallait rincer et laver abondamment pour les rendre toutes blanches. Seulement voilà : dans les années 1970 ces abattoirs ferment du jour au lendemain, sans prévenir. C'est la première douche froide. Il faut à la hâte s'installer ailleurs. Il ouvre alors son laboratoire avenue d'Epernay à Reims.
Gérard est arrivé dans l'entreprise en 1950. Tous les samedis la triperie Audinot propose ses produits dans les cases N°77, 78 et 79 des halles du Boulingrin. Parallèlement à cela le premier camion assurant les marchés de la ville de Reims se met en route dans les années 1972. Deuxième douche froide en 1988 ! Les halles Du Bouligrin ferment. Il faut donc réagir et trouver un autre lieu pour commercialiser la marchandise.
C'est ainsi qu'un premier magasin ouvrait au fond de la cour avenue d'Epernay. Tout était regroupé autour de la maison d'habitation, point de départ vers les marchés de la ville. "Il fallait se lever tous les jours à 4 heures" souligne Gérard. Après l'histoire du "bœuf aux hormones", un nouveau coup dur frappait la famille : la crise de la vache folle en 1996. "Là on a cru que c'était foutu. La chute a été vertigineuse", raconte Pascal, qui était entré dans la maison en 1980. Il fallait absolument réagir.
C'est ainsi qu’il a été décidé de proposer de la viande toute catégorie. Bœuf, agneau et veau viennent compléter l'étalage. Une charcuterie de premier choix et des plats cuisinés s'y ajoutent. "Avec de vraies recettes", souligne Ginette la femme de Gérard. Le pari est gagné. La maison relève la tête ! Et en 2012 un nouveau magasin répondant à des normes d'hygiène draconiennes offre un étalage alléchant. Aujourd'hui le dernier né de la famille, Matthieu, vient à son tour de rejoindre l’aventure, après un tour de monde gastronomique. L'extension du service traiteur est en cours. La relève semble donc toute assurée.